Relation entre le comportement alimentaire et l’altération du goût et de l’odorat chez les patients en cours de chimiothérapie

Par De l'Air!
Il y a 5 ans

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Commentaire du Professeur Souquet, Service de pneumologie aiguë spécialisée et cancérologie thoracique, Centre Hospitalier Lyon sud.

« Les troubles du goût et de l’odorat peuvent débuter avant même le diagnostic du cancer bronchique. Il est connu que les chimiothérapies à base de platine peuvent aussi provoquer ce genre de troubles. L’équipe Lyonnaise du CNRS de Mr Bensafi avec l’aide de l’Institut Scientifique Paul Bocuse, a fait une revue de la littérature sur ces troubles provoqués par la chimiothérapie. Il y a schématiquement une partie des patients qui n’a aucun trouble, une partie qui a une hypersensibilité aux odeurs et au goût et une partie avec une hyposensibilité, avec l’impression désagréable de manger « du carton ».. Ces troubles peuvent gêner l’alimentation avec une dénutrition et un isolement social préjudiciable. Les auteurs insistent sur la nécessité de dépister rapidement ces modifications du goût et de pouvoir adapter en conséquence l’alimentation. « 

Cet article rejoint l’étude réalisée par notre association auprès de patients venant en Hôpital de jour pour leur chimiothérapie. Etude qui nous a permis de référencer les différents effets secondaires en lien avec les traitements ayant des répercussions sur le comportement alimentaire, altération du goût, des odeurs, perte d’appétit, sécheresse buccale, nausées, troubles du transit … Nous sommes partis des astuces énoncées par les patients permettant de gérer au mieux ces troubles pour élaborer des recettes adaptées et profitables à tous, patients, famille et proches. Vous aurez l’occasion de les découvrir prochainement dans un ouvrage qui devrait sortir en fin d’année.

Introduction de l’article publié dans la revue scientifique, Seminars in Oncology

L’altération du goût et de l’odeur est un effet secondaire fréquent de la chimiothérapie. Cependant, on sait peu de choses sur leur influence sur le comportement alimentaire des patients et sur les mécanismes qui sous-tendent leur apparition. Ce manque de clarté est probablement dû à une série de facteurs parmi lesquels l’hétérogénéité des modifications du goût et de l’odeur induites par la chimiothérapie. La présente étude donne un aperçu critique des données existantes sur l’association entre les altérations du goût et de l’odorat et les modifications du comportement alimentaire chez les patients atteints de cancer qui subissent une chimiothérapie.

Design

La recherche documentaire a été effectuée à l’aide des bases de données PubMed et Google Scholar et s’est limitée aux articles de langue anglaise publiés entre 1990 et juin 2018. Les termes liés « aux sens » et ceux  liés au « comportement alimentaire » ont été combinés pour identifier les études qui ont examiné l’association entre ces deux termes. Les études extraites ont été regroupées en fonction des résultats de l’évaluation du goût et de l’odeur.

Résultats

Treize articles ont été inclus dans la revue. La conception, la durée, la méthodologie d’évaluation et la population étudiée des études variaient. La catégorisation des études en fonction des résultats de l’évaluation du goût et de l’odorat a permis de définir trois profils de patients : inaltéré, hypo- et hyper sensibilité (goût et/ou odeur). Les altérations étaient significativement corrélées avec l’apport énergétique des patients et leurs préférences en aliments, ce qui suggère que la sensibilité de chaque patient aux stimuli olfactifs et gustatifs est susceptible de jouer un rôle dans la modulation du comportement alimentaire pendant le cancer et la chimiothérapie.

Conclusion

L’examen résume et fournit des associations pertinentes entre les altérations du goût et de l’odeur et le comportement alimentaire liée à  une chimiothérapie en tenant compte des variations individuelles existantes. Compte tenu de l’influence sensorielle sur la modulation du comportement alimentaire, une meilleure caractérisation des altérations olfactives et gustatives avant le lancement de la chimiothérapie semble importante pour une meilleure compréhension et gestion de la trajectoire du comportement alimentaire des patients pendant le traitement.